Un vrai bout de moi.

Ca m'a pris y'a pas longtemps, quelques mois à peine. Ca me trottait en tête depuis longtemps, j'avais 6 ans à peine.

Avant ça, un jour, j'ai appris à lire, les lettres d'abords puis les syllabes, B+A = BA ensuite mon premier mot complet .. ALPHABET ... c'est ma maman qui me l'a appris, dans mon cahier à grosses lignes, elle avait mis le modèle dans la marge et je l'ai recopié, recopié, recopié !
Puis en grande section j'ai appris à écrire mon prénom DELPHINE ... sauf que j'avais un petit soucis, pas très gros à mon avis mais mon maître il n'a pas beacoup aimé. Ma gauchisterie me faisait écrire de droite à gauche. Je me demande bien où est le problème ! Mais il paraît que ça ne se fait pas. Du coup j'ai passé des récréations complètes à écrire mon prénom à l'endroit .. enfin, à son endroit à lui, le mien ne lui convenant pas. Ca aurait pu me dégoûter. Heureusement, non.

En CP je me suis amusée, j'ai découvert plein d'autres mots, des sons de papier. Je ne me souviens pas du premier livre que j'ai lu.  Mais du premier panneau routier. Sur la route de la mer, en voiture avec mes parents. Je leur ai dit "Ohh ! On passe près de Merville !" et mes parents m'ont demandé comment je savais. Ils ont eu du mal à me croire !

Je me souviens du premier livre que j'ai lu complètement seule, ça parlait des abeilles, de leur mode vie, leu reproduction. J'étais toute fière de pouvoir raconter cette histoire ensuite. Et je me suis dit qu'un jour moi aussi je raconterai des histoires.
A partir de ce moment là j'ai lu tout ce qui me tombait sous la main, livres divers et variés, manuels de cours, papiers d'emballage ... A un moment je connaissais même par coeur le petit texte sur l'emballage du papier toilette à force de le lire ! Cette boulimie de lecure ne m'a toujours pas quitté, au point qu'encore maintenant je n'arrive pas à m'endormir sans lire un peu avant. Un peu comme une amorce à mes rêves.

Voilà pour la lecture. Mais lire autant forcément, ça donne envie de procurer ce plaisir là à d'autre. J'ai essayé plus d'une  fois de me mettre à écrire, mais rien, mes idées ne se fixaient correctement que lorsque j'avais une consigne fixe. Pendant les cours de français, en rédaction. Je n'avais plus rien écrit de personnel et spontanné depuis le bac français. Les dissertations ça n'a jamais été mon truc. J'aimais laisser mon imagination courir à partir ne serait-ce que d'un mot, une expression mais sans devoir justifier ce que je disais. Pour moi la justification c'était pour la science, les maths. Les lettres ce n'est pas ça. Pas besoin de chercher à savoir de quelle humeur était Flaubert quand il a écrit la troisième phrase du cinquième paragraphe de Madame Bovary, rien à faire ! Non, moi ce qui m'intéressais c'était les sentiments que ça évoquait en moi, peu importaient les subterfuges utilisés. Juste ce boulversement émotionnel à chaque lecture, cette identification complète au peronnage, à son histoire. Peut-être une vie par procration pour oublier à quel point je n'aimais pas la mienne. Mes souvenirs d'adolescence sont plus composés de souvenirs des livres lus que d'épisodes vécus. Mais quels souvenirs ! J'ai vibré pour Arsène Lupin, pleuré pour Cosette, souffet avec Monte Cristo, me suis battue en duel pour la Reine avec D'Artagnan, ai fait fonctionné mes cellules grises avec Poirot, j'ai même couronné Henri IV ! ... Comme disais mon père, je m'enfermais dans ma tour d'ivoire. Et j'aimais ça.

J'aime toujours ça, mais d'une autre manière. Un peu comme dans un couple. L'amour au début est foudroyant, on a besoin de l'autre en continu. Puis avec le temps, la passion fait place à un amour plus profond, moins fulgurant mais plus profondément ancré. Et l'idée même de ne plus aimer l'autre semble inconcevable. Et bien pour la lecture, même chose. La passion de mon adolescence a fait progressivement place à cet amour profond, qui cherche vraiment l'autre. Maintenant quand je lis, je suis plus posée, plus tranquille. Je ne ressens plus cette précipitation, ce besoin qui doit être assouvi immédiatement, parce que je sais que même une heure, un mois après, il y aura toujours un livre qui me comblera, je sais que j'ai toute ma vie pour profiter d'un maximum d'oeuvre et que de toute  manière je ne pourrai jamais tout lire. Du coup je selectionne, je butine un peu d'un auteur à l'autre, je m'attache à un qui me plait, je relis mes amours de jeunesse, je les redécouvre, les reaime mais d'una manière toute autre.

J'étais à la base partie pour parler de l'écriture, de comment ça m'était venu. Mais je pense que le passage par la lecture était obligatoire pour arriver à l'écriture.

Comme je l'ai déjà dit, l'écriture m'a toujorus trotté en tête. Mon problème a toujours été les idées. Puis un jour j'ai découvert le blog de Pati en discutant avec elle. J'ai découvert ses textes, Paroles Plurielles. Et je me suis dit qu'en fai c'était peut-être à ma portée. Pour cette raison j'ai ouvert mon blog. Juste pour avoir un espace dans lequel je pouvais mettre à plat ce qui me passait par la tête. Je n'ai jamais vraiment tenu de journal intime, ça me faisait bizarre d'écrire à quelqu'un qui n'était pas là. Par contre, et c'est peut-être idiot, le blog pour moi est destiné à être lu, peut importe par qui. Et c'est justement ça qui est bien. Les gens qui lisent ici ne me connaissent pas vraiment (sauf quelques uns bien sûr) et s'ils me jugent, ce n'est pas grave, je n'aurais pas à les revoir. Du coup ça offre une sacré liberté !

C'est encore Pati qui m'a pour ainsi dire incitée à essayer de participer à une consigne de Paroles Plurielles. Mais je crois que je n'avais pas beaucoup besoin d'être poussée. Je me suis lancé, et j'y ai pris un tel plaisir !! Je tremblais de partout en écrivant le dernier mot de mon premier texte qui s'est révélé être un poème. Je n'en suis toujours pas satisfaite mais il paraît que c'est bien. Toujours est-il que j'ai aimé ça. Laissersortir les mots alors qu'ils étaient si souvent entrés m'a un peu fait comme vider un trop plein. Puis je me suis rendu compte que laisser une note ici c'est également une forme d'écriture. Qui libère aussi, qui soulage aussi. Un peu comme un exutoire à tout ce que je ne dis pas autours de moi, à tout ce que j'ai pu ne pas dire avant, à tout ce que je n'ai pas pu dire et tout ce que je n'ai pas su dire. Les mots qui sortent ont un sens en eux-même. Mais quand je les relis, ils ont un tout autre sens, que moi seule comprends.

Là ce soir, j'ai eu envie d'écrire non pas un petit billet d'humeur, de racontage de vie quotidienne. Non, j'ai voulu faire quelque chose d'un peu plus personnel sur une chose qui fait partie intégrante de moi. Peut-être aussi un besoin de prendre un peu de recul ...

Comments

[Fleur]

Chami => Un choix qui t'a plutôt réussi non ? et si je peux faire un peu de bien avec mes petits textes, alors tant mieux !

[chamikazee]

Quand ma maman était petite, elle n'avait pas le droit de lire, son papa ne voulait pas.
alors elle se cachait, lisait la posologie des médicaments, les étiquettes des boites de conserves... donc, quand j'était petit ma maman lisait beaucoup... et moi je lisais peu (sauf des bd) mais j'avais une imagination débordante, j'écrivais sur les murs (à coté de mes dessins), j'écrivais presque tout le temps (avec toujours autant de fautes !)... et maintenant, plus rien, mais vraiment rien... du moin, ça me parrait très compliqué (peu être qu'un moment il a fallu faire un choix inconscient, le dessin ou l'écriture !).

alors, écris, écris tant que tu peux, je connais comme toi le bien fou que ça procure... à toi et comme à nous !

[Fleur]

So => Chacun de son côté de la barrière plutôt, c'est ça ?
Pati => Je fais faire pour que ça dure, j'aime trop ça !
Renardeau => 1) comment tu fais le r de copyright ?
2) Je suis contente que ça te plaise, ça me donne un peu l'impression d'atteindre l'objectif ...

[Renardeau®]

j'adore lire, et j'adore te lire, Fleur_de_java :), surtout quand tu mets autant de toi dans tes notes.

[pati]

jolie note, fleur, qui te dévoile un peu :)

comme quoi, chercher ensemble à résoudre des énigmes à la noix mène à tout !! ;))

je suis heureuse d'avoir été un petit élément déclencheur à ton envie de coucher des mots sur le papier et nous les donner en pâture :)

poouuuuuurrrrrvooouuuuu qué ça douuurrrrre :op