Tristesse
Qui prête à rire n'est jamais sûr d'être remboursé
Raymond Devos
Quelle phrase pleine de sens ... Cet amoureux de la langue française a su me transmettre son amour, ses mots ont bercé mon enfance. J'aimais leur jeu, j'aimais leurs accords et désaccords. Il savait si bien rendre les sens contresensé jusqu'à l'absurde.
Ce Grand Monsieur nous a quitté ce matin et j'en ressens une grande tristesse. Qui maintenant nous régalera l'oreille et l'esprit de ces mots français que l'on réapprend à écouter ?
J'en perds mes mots et référence et pour hommage à cette artiste immense, je ne vois qu'un extrait d'un de ses scketches, celui que je préfère.
Adieu Monsieur Devos.
Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement. Par exemple, le verbe "OUÏR".
Le verbe ouïr, au présent, ça fait : J'ois... j'ois...
Si au lieu de dire " j'entends ", je dis " j'ois ", les gens vont penser que ce que j'entends est joyeux...
alors que ce que j'entends peut être particulièrement triste.
Il faudrait préciser : " Dieu, que ce que j'ois est triste ! "
J'ois... Tu ois... Tu ois mon chien qui aboie le soir au fond des bois ? Il oit...
Oyons-nous ? Vous oyez... Ils oient. C'est bête !
L'oie oit. Elle oit, l'oie ! Ce que nous oyons, l'oie l'oit-elle ?
Si au lieu de dire " l'oreille " on dit " l'ouïe ", alors : l'ouïe de l'oie a ouï.
Pour peu que l'oie appartienne à Louis : " L'ouïe de l'oie de Louis a ouï. "
" Ah oui ? Et qu'a ouï l'ouïe de l'oie de Louis ? "
" Elle a ouï ce que toute oie oit... "
" Et qu'oit toute oie ? "
" Toute oie oit, quand mon chien aboie le soir au fond des bois, toute oie oit : ouah ! ouah ! Qu'elle oit, l'oie !... "
Au passé, ça fait : J'ouïs... J'ouïs ! Il n'y a vraiment pas de quoi !
Raymond Devos.